C’est bien connu, la pratique du canot est fondamentale à Kéno depuis ses tous débuts. Dès les premières années du camp, le père Paul voyait dans les expéditions de canot le moyen idéal de favoriser le développement personnel des jeunes. 50 ans plus tard, le canot est toujours au cœur de l’identité du camp.

Le canot au fil des ans

Les types de canots utilisés

Les premiers canots avec lesquels les campeurs sont partis en expédition étaient des canots en bois recouverts de toile. Il fallait être extrêmement prudent et délicat avec ceux-ci, car ils étaient les plus fragiles. Le père Paul répétait souvent aux campeurs de bien soulever les canots et de les déposer doucement sur le sol en appui sur les pinces, en s’assurant que le dessous ne frotte jamais par terre. Il rentoilait et réparait lui-même les canots endommagés lorsque c’était nécessaire.

Lorsque les expéditions de canot en rivière ont fait leur apparition, il était impensable d’envoyer les jeunes avec des canots de toile dans les rapides. Le camp s’est donc procuré des canots en fibre de verre. Lorsqu’ils partaient sur la rivière, les groupes emportaient avec eux des kits de fibre et de résine afin d’effectuer les réparations mineures sur les canots pendant leur expédition. À leur retour, chaque canot était inspecté et remis en état par les campeurs et leurs moniteurs.

 Le canot au fil des ans

La réparation et l’entretien des canots ont aussi pris une place très importante au camp au cours des années. C’était un bon moyen de sensibiliser les jeunes à la fragilité de ces embarcations, car ils pouvaient alors constater par eux-mêmes la complexité du processus de réparation. Parfois, des membres du personnel se rendaient au camp à l’automne ou au printemps pour remettre en état la flotte du camp Kéno.

À quelques reprises, des employés du camp ont même construit des canots en entier à partir d’un moule. Cela a été un long processus composé de plusieurs étapes, mais tous ceux qui y avaient participé étaient particulièrement fiers du résultat. Parfois, l’instructeur au canot remettait aussi complètement à neuf un vieux canot de bois au cours de l’été.

Le canot au fil des ans

L’enseignement des techniques

Au cours des premiers étés, c’est le père Paul lui-même qui donnait les cours de canot aux campeurs. Il les réunissait sur la plage et leur enseignait les différentes parties du canot et les coups de base. Les jeunes montaient ensuite dans les canots et pratiquaient ces techniques sur l’eau. Les cours portaient également sur des éléments de sécurité comme de changer de place dans le canot ou de récupérer un canot chaviré, et les campeurs plus vieux apprenaient aussi à faire du portage.

Le canot au fil des ans

Pendant longtemps tous les groupes consacraient au moins une période de 90 minutes par jour à l’apprentissage des différentes techniques de canot. Un bon moyen de garder les campeurs intéressés à cette activité tout au long de leur séjour était de leur faire passer un test lors des dernières journées et de leur remettre des badges d’aptitudes.

Le canot au fil des ans

Ainsi, à la fin du séjour, l’instructeur au canot s’installait dans la baie et demandait aux campeurs d’exécuter certaines manœuvres et des coups d’aviron. Il y avait différents examens qui correspondaient à des badges : Juvénile, Junior, Intermédiaire et Senior. Une fois l’examen terminé, les résultats étaient compilés et les jeunes recevaient leur badge par la poste à l’automne. Les campeurs prenaient ces examens très au sérieux, et y mettaient beaucoup d’efforts et de temps. Plusieurs utilisaient même les périodes d’activités libres afin de pratiquer les coups et techniques.

Le personnel recevait aussi des formations afin d’être plus habile en canot et depuis 1991, les moniteurs d’eau vive et les moniteurs voyageurs suivent des formations de sauvetage en eau vive au début de chaque été.

La place du canot à Kéno

Il va sans dire que depuis toutes ces années, le canot occupe à Kéno une place unique et fondamentale. C’est la vision qu’avait le père Paul dès la fondation du camp, en partie grâce à son frère, un psychoéducateur qui lui avait parlé des bienfaits du plein air et de l’expédition pour les jeunes.

Même en dehors des expéditions, le canot faisait et fait toujours partie de la vie quotidienne du camp, lors des grands jeux comme la Traversée de la Rivière Noire ou du Kémi. À quelques reprises, les campeurs ont même créé des voiliers géants en attachant plusieurs canots ensemble, et se promenaient ainsi sur le lac.

Le canot au fil des ans

Le père Roger se rappelle de l’importance accordée au canot : « Le père Paul nous a inculqué le respect du canot, car il s’agissait pour lui d’un objet précieux, d’un moyen de transport dont il fallait prendre soin parce qu’il nous permettait d’aller visiter des endroits extraordinaires ». Encore aujourd’hui, les moments où la baie se remplit de campeurs prêts à partir à l’aventure à bord de leur canot sont empreints d’une magie certaine.

Le canot au fil des ans