Nous sommes des mosaïques- des morceaux de lumière, d’amour, d’histoire et d’étoiles, comme dit Anita Krishan, et nous sommes assemblés par de la magie, de la musique, et des mots. Un jour, dans un miroir, je ne voyais que l’image d’un lac, composé par mes souvenirs de cet endroit où j’étais si heureuse.

Certaines couleurs de ma mosaïque viennent du lac Long, de cette eau brunâtre que j’ai un jour perturbée en y sautant de 7 mètres de haut. Ce lac qui avait effectivement avalé mon coeur pour l’enterrer dans ses profondeurs. D’autres viennent des légendes de Cadoquette, le béluga solitaire, qui erre dans ces environs à la recherche d’un ami. Les souvenirs fragmentés des grands jeux de soir créent aussi les parcelles de cette mosaïque. Je m’évades dans mes souvenirs et je me retrouve toute petite, avec les découvreurs, respirant l’air frais du soir tout en me cachant d’une bande de moniteurs cherchant à me barbouiller les bras avec des marqueurs. Le bruit de l’eau qui embrasse doucement le rivage me calme. Mes paupières s’alourdissent lorsque nous nous dirigeons vers nos huttes.

Article Camille mars 2017

Les formes sont façonnées des moments plus difficiles comme lorsque j’ai eu à pousser mes limites et quitter ma zone de confort. Elle contient les grains de sable qui se retrouvaient dans mes chaussures d’eau, ceux qui m’ont causé des ampoules durant les heures de portage. On y voit aussi ces framboisiers qui écorchent mes chevilles lorsque nous nous avançons vers l’inconnu. Par contre, pour adoucir ces formes, on y trouve également le bourdonnement de l’eau ruisselante de la rivière qui nous berçait et dériver vers une nuit paisible.

Article Camille mars 2017

Sur pièce artistique, on remarque des plumes de huard provenant de la région au nom d’origine amérindienne. Des bouts de matériaux semblable au coton y sont collés et me rappellent les nuages de pluie qui ont recouvert le ciel au dessus des voyageurs. Des morceaux de ma pagaie sont insérés dans les 4 coins de l’oeuvre, comme pour me rappeler des endroits qu’ils m’ont permis de découvrir. Dorénavant, un déplacement en bus sera synonyme de Sauvageau.

Article Camille mars 2017

Kéno a aussi laissé son empreinte sur mon corps ; sur mes épaules renforcées par les heures de portage, sur mes doigts plus agiles pour partir un feu, sur mes poignets, colorés de bracelets, qui manient mieux la pagaie, sur mes cordes vocales qui ont tout donné pendant les bivouacs et sur mon cou fièrement décoré par le Kénolier. Certains se demandent pourquoi je parle de cet endroit si souvent… C’est Kéno qui a donné toutes les belles couleurs de ma mosaïque.

Article Camille mars 2017

Camille A.Kwende 

 

 


Camille A. Kwende
Campeuse au Camp de vacances