Passer au contenu
900-x-1400---blogue---claudel.png
Catégories keyboard_arrow_down
vie de camp 5 décembre 2024

Travailleraucamppourmoi,c'est...

Travailler au camp pour moi, c’était une évidence. Depuis que j’ai 8 ans, je vais au camp, j’en ai maintenant 24. En août 2024, je terminais ma troisième saison en tant qu’employé. En trois ans, j’ai fait de nombreux postes, tous à l’animation [...]

Travailler au camp pour moi, c’était une évidence. Depuis que j’ai 8 ans, je vais au camp, j’en ai maintenant 24. En août 2024, je terminais ma troisième saison en tant qu’employé. En trois ans, j’ai fait de nombreux postes, tous à l’animation : monitrice classe nature, cheffe cuistote, monitrice pour tous les âges, de Kéno 3 jours à Explo et finalement responsable du secteur 6 jours.

Avant tout ça, j'ai été campeuse durant 9 ans. C'est autant d'années qui ont permis à mes propres monitrices de semer en moi l'idée de devenir comme elles un jour. Lors de mon dernier été campeuse en 2017, je croyais devoir dire au revoir au camp pour seulement 2 étés. Au cégep, je devais faire des stages d'été et j'ai dû mettre ma passion pour Kéno au second plan, mais toujours avec la ferme intention d'y revenir. Durant ces deux étés d'absence, j'ai vu mes amies campeuses devenir elles-mêmes monitrices et je peux vous dire que j'ai eu de gros pincements au cœur de ne pas être avec elles.

En 2020, quand j’ai appliqué, je ne m’attendais pas à ce qu'un certain virus vienne bouleverser mes retrouvailles tant attendues. Ce n’était pas simplement un pincement au cœur à ce moment-là, c’est mon cœur complet qui s’est brisé en deux. Rebelote à l’été 2021, lorsque la nouvelle est tombée. Encore un été sans Kéno, la quatrième.

Je le sentais, 2022, c’était la bonne, l’année tant attendue, j’allais enfin pouvoir retourner dans cet endroit si fabuleux et réconfortant. Il n’était pas question que je manque une cinquième année. Je me rappelle encore avoir versé quelques larmes sur les 13 kilomètres de route de terre qui sépare le camp de la civilisation. J’étais tellement contente.

J'y ai passé un été haut en rebondissements, en joie, en câlins et en amitié. Je savais maintenant pourquoi je tenais tant à y retourner : au camp, il n'y a ni jugement, ni prise de tête, ni problème insurmontable, juste plein de gens heureux d'être là où ils sont. À mon retour à Montréal en août, mes émotions étaient tellement fortes, je n'avais jamais rien vécu de tel, j'avais écrit ce petit texte pour partager mon expérience à mon entourage :

« Par où commencer cette histoire? Il y a trois mois, j'ai été téléporté dans un vortex dans lequel j'ai sauté à pieds joints, comme on fait avec les flaques d'eau lorsqu'il pleut et que l'on est enfant.

Cet été, j'ai retrouvé ma deuxième maison après 4 ans, cet endroit si majestueux, rempli de magie, d'histoire et de gens fabuleux, d'amour, sans réseau, sans stress, en pleine nature, où j'ai travaillé sans réellement y penser.

Cet été, je l’ai passé à raconter à des enfants qu’une baleine allergique à l’eau salée vivait dans le lac, qu’un géant était enterré sous la montagne, que le meilleur policier de la ville de Montréal adorait les bleuets, que nous vidions et lavions le lac une fois par année et que le petit chalet rouge sur l’île là-bas appartenait à l’inventeur de la Bubble Gum. 

Cet été, j'me suis déguisée pis j'ai couru partout la face pleine d'eau parce que j'avais chaud. Parfois, j'étais la chercheuse d'or #1, parfois une aventurière à la recherche d'événements spectaculaires, parfois en grand manitou cherchant un arbre afin d'y extraire un ingrédient magique, l'amour, parfois une vieille monitrice de retour au camp, parfois en rabaska, parfois en agent du FBI ou encore, en notre merveilleuse Ann.

Le plus beau dans tout cela, ça a dû être les fous rires, les amitiés, les pleurs, les défis, le chaos contrôlé et tout le reste que je serais incapable d'exprimer avec des mots.

Désolée d’avance (ou pas) à ceux qui me côtoieront dans les prochaines semaines, il se peut que je ne sois pas encore revenue et que je ne revienne pas complètement. Vous ne me comprendrez certainement pas, car après tout, il faut le vivre pour se retrouver dans le cocktail d’émotions qui bouillonne en moi.

Kéno, à l’année prochaine pour un autre été de dépassement et de croustade. »

Je n’ai pas besoin de vous dire que j’y suis retournée en 2023. J’y ai vécu une expérience complètement différente, mais tout aussi agréable et amusante. En fait, c’est le truc avec le camp, à chaque fois c’est une surprise, mais toujours une bonne surprise. Il y a toujours du nouveau, tant au niveau des amis, des activités, des thématiques que des campeurs. Chaque jour est rempli d’apprentissage et de dépassement.

Si vous avez bien calculé, il me reste à vous parler de mon dernier été, mon été Respo 6 jours. Lorsqu’Emil m'a approché à l'hiver 2024 pour être responsable de secteur, ma grande peur, c'était de perdre cette relation que tu as avec ton groupe quand tu es monitrice… Je vous assure que je me suis trompé, à la place de n'avoir que 12 jeunes par semaine, j'en avais 70 et je vous assure que je les ai tous autant aimés malgré leur nombre! En fait, qu'il y en ait 12 ou 70, j'ai quand même pu créer un lien avec eux, et c'est ce que je trouve magique.

Je crois que c'est cette magie qui m'incite à retourner au camp année après année, c'est de pouvoir me déguiser et me faire passer pour un personnage tout droit sorti du costumier, c'est pouvoir me baigner au bain libre, c'est raconter des légendes, c'est regarder les étoiles en expé, c'est revoir ses campeurs l'année d'après, c'est animer des grands jeux, c'est chanter à en perdre la voix devant la cafétéria, c'est remettre les Kénoliers, c'est passer un été sans être collé sur mon téléphone, c'est être en pleine nature, c'est faire vivre des expériences à des jeunes qui vous voient comme leur héros, c'est semer ce désir d'être à leur tour là où vous êtes, c'est ça être monitrice à Kéno.  

Je peux sans aucun doute vous affirmer que je retournerais à Kéno pour l’été 2025, pour y vivre, encore, un été pas comme les autres. Toi aussi, tu as ta place à Kéno, viens vivre un été de folie! 

claudel.jpg
Claudel Lebeau

Ancienne campeuse et employée