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Le Kénolier, c’est ce bout de corde avec une ou deux billes que chaque campeur et campeuse reçoit à la fin de son séjour. C’est ce que quelqu’un qui ne s’y connaît pas pourrait dire. Or, le Kénolier, c’est beaucoup plus.

Objectivement, le Kénolier, c’est la marque visuelle de son passage à Kéno, chaque bille a sa signification, que ce soit une bille de séjour, une bille carrée, ou une bille de grande expé. Là où c’est spécial, c’est que cet arrangement de billes dépareillées devient plus et sa signification diffère pour chacun. Pour certains, le Kénolier restera uniquement la trace d’un passage à Kéno, pour d’autres il devient un porte-bonheur, un témoin des souvenirs qui se créent à Kéno ou des défis qui sont surmontés en expédition. Bref, tout le monde est libre de lui donner le sens qu’il veut.

Les moniteurs remettent le Kénolier lors de la cérémonie de remise de billes qui a lieu la dernière soirée d’un séjour, après le bivouac de fin. Chaque groupe se rassemble, soit à la plage, soit à la tour aux étoiles pour les plus chanceux et chanceuses, ou dans la hutte et les moniteurs procèdent alors à la cérémonie. Celle-ci est différente pour tous, encore une fois, mais dans la majorité des cas, on s’y remémore les bons souvenirs, les défis et les choses qui nous ont rendu plus fort. C’est un moment assez solennel, surtout chez les plus vieux qui ont un fort attachement au camp.

En plus de la ou des billes associées à son séjour, un enfant peut recevoir en plus une bille carrée symbolisant l’une des cinq valeurs du camp : l’authenticité (jaune), le respect (mauve), l’esprit d’équipe (rouge), le dépassement (vert) et le dévouement (orange). Une seule bille carrée est remise par groupe à un enfant ayant démontré l’une de ses qualités de manière naturelle.

Sur une touche un peu plus personnelle, mon Kénolier est non seulement un porte-bonheur pour mes examens (oui, même à l’université), mais c’est également une sorte de soutien morale quand c’est une journée difficile en ville. Il occupe une place importante dans ma vie et lorsque je dois surmonter un défi, je me rappelle tous ceux que j’ai vécus en expédition, et je me dis que comparé à un portage sur la Métabet, il n’y a rien de plus facile!

Lorsque j'étais campeuse, la cérémonie de billes était toujours un moment très émotionnel où il était inévitable que je pleure. Je me rappelle d’ailleurs, lors de mon premier entrevue pour être monitrice, Emil m’avait demandé pourquoi je voulais ce poste, et je lui avais répondu que je voulais que mes campeuses pleurent, comme je l’avais fait, lors de la cérémonie de remise de billes car c’est ce qui m’indiquerait que j’avais bien joué mon rôle.

La remise devient particulière lorsqu’on est moniteur, monitrice, entendre les souvenirs et voir les amitiés qui sont créées sous notre responsabilité, c’est quelque chose d’assez magique. Lorsque j'étais monitrice, je m’assurais toujours que la remise de billes soit un moment mémorable : petites chandelles, ambiance nostalgique, et j'écrivais un petit mot pour tous mes campeurs et campeuses. Mais, mon moment préféré était toujours celui d’expliquer la signification du Kénolier aux nouveaux campeurs et nouvelles campeuses, leur expliquer qu'il pouvait prendre la forme qu’ils.elles voulaient.

Je termine en vous partageant mon petit truc : le meilleur moyen de conserver la couleur des billes, c’est de les vernir dès son retour du camp. Personnellement, j’utilise un vernis en spray, mais du vernis à ongle transparent fait également très bien le travail!